Page:Apollinaire - Les Exploits d’un jeune Don Juan.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE IV

Lorsque Berthe et moi fûmes rentrés au Château, nous trouvâmes la table mise. Mais ma mère et ma tante n’avaient pas encore complètement terminé l’installation de la salle. Pendant que ma sœur les aidait, je lus dans le journal que mon père nous envoyait un fait divers parlant d’un monsieur X*** qui avait violé une demoiselle A***, je cherchai la signification du mot « violé » dans le dictionnaire et trouvai : déflorer. Je n’étais pas plus avancé qu’avant, mais j’avais un sujet de pensée de plus.

Ensuite on se mit à table et, contre notre habitude, Berthe et moi nous ne disions rien, ce qui étonna ma mère et ma tante, qui dirent : « Ils doivent encore s’être battus. » Il nous semblait préférable de cacher nos nouvelles intimités sous le manteau factice de la rancune.

Ma mère raconta comment elles avaient disposé les chambres pour elle et son mari et pour ma tante. Les chambres étaient au premier