Page:Apollinaire - Les Exploits d’un jeune Don Juan.djvu/62

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et en hésitant qu’elle, qui jusqu’alors n’avait jamais eu de désirs charnels, avait senti des mouvements amoureux en voyant son jeune neveu au bain et qu’elle avait touché son corps avec concupiscence, mais qu’elle avait pu réfréner à temps ces mauvais désirs. Seulement, une fois encore lorsque son neveu dormait, la couverture étant tombée, on voyait ses parties viriles ; elle l’avait longtemps regardé et avait même pris son membre dans la bouche. Elle disait cela avec une grande hésitation. On eût dit que les mots ne pouvaient plus sortir. Je ressentis une émotion extraordinaire.

le confesseur : N’avez-vous jamais péché avec des hommes ou bien ne vous êtes-vous pas polluée toute seule ?

ma tante : Je suis encore vierge, tout au moins d’homme. Je me suis souvent regardée nue dans la glace, et avec ma main j’ai pratiqué des attouchements à mes parties pudiques. Une fois… (Elle hésitait.)

le confesseur : Courage, ma fille ! ne cachez rien à votre confesseur.

ma tante : Une fois ma sœur me dit : « Notre bonne use beaucoup de bougies. Assurément elle lit des romans dans son lit et un de ces soirs elle va mettre le feu à la maison. Tu couches près d’elle, prends-y garde. » J’ai agi ainsi, le soir même en voyant de la lumière dans sa chambre. J’avais laissé la porte ouverte et j’entrai chez