Page:Apollinaire - Les Exploits d’un jeune Don Juan.djvu/99

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ma mère prenait un bain, dans l’attente de son mari.

À la gare, lorsque le train arriva, je fus étonné de voir ma sœur Élise devenue une charmante jeune femme. Elle avait une paire de jolis petits pieds dans d’élégantes chaussures et se trémoussait si gracieusement que je devins jaloux de son Frédéric. J’avais décidé que toute personne féminine de mon entourage devait faire partie de mon harem et je me renforçai dans mon opinion.

Ma jalousie s’augmenta, lorsque je vis qu’avec mon père était venu un ami, M. Franck, un vieux célibataire qui avait des vues sur ma tante. Les présentations furent cordiales. Ma sœur était étonnée de mon développement comme je l’étais du sien et nous nous embrassâmes mieux que fraternellement.

Nous n’avions pas compté sur M. Franck, et comme la voiture était à deux places, je dis que papa et M. Franck s’en serviraient tandis que moi et Élise irions à pied. Ma sœur accepta. La route était très jolie.

La conversation devint bientôt très intéressante. Ma sœur était très flattée des compliments que je lui faisais sur sa beauté. Lorsqu’elle s’enquit de Berthe, je lui dis qu’elle avait eu ses règles et était nubile. Élise me regarda étonnée.

« Elle reste maintenant enfermée avec Kate, dans la salle de bains, aussi longtemps que toi », ajoutai-je, puis je continuai en la regardant