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LES ONZE MILLE VERGES

Mony paya et on fit entrer une vingtaine de mousmés dans leur costume national.

Le prince en choisit une qui était charmante et la sous-maîtresse fit entrer les deux couples dans un retiro aménagé dans un but foutatif.

La négresse qui s’appelait Cornélie et la mousmé qui répondait au nom délicat de Kilyému, c’est-à-dire : bouton de fleur du néflier du Japon, se déshabillèrent en chantant l’une en sabir tripolitain, l’autre en bitchlamar.

Mony et Cornabœux se déshabillèrent.

Le prince laissa, dans un coin, son valet de chambre et la négresse et ne s’occupa plus que de Kilyému dont la beauté enfantine et grave à la fois l’enchantait.

Il l’embrassa tendrement et, de temps à autre, pendant cette belle nuit d’amour on entendait le bruit du bombardement. Des obus éclataient avec douceur. On eût dit qu’un prince oriental offrait un feu d’artifice en l’honneur de quelque princesse géorgienne et vierge.

Kilyému était petite mais très bien faite,