Page:Apollinaire - Les Onze mille verges, 1911.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
LES ONZE MILLE VERGES

— Depuis la nuit fatale où des cambrioleurs nous laissèrent à demi-morts auprès du cadavre d’un des leurs dont j’avais coupé le vit avec mes dents dans un instant de folle jouissance, je ne me réveillai qu’entourée de médecins. On m’avait retrouvée un couteau planté dans les fesses. Alexine fut soignée chez elle et de toi nous n’eûmes plus de nouvelles. Mais nous apprîmes, quand nous pûmes sortir que tu étais reparti en Serbie. L’affaire avait fait un scandale énorme, mon explorateur me lâcha à son retour et le sénateur d’Alexine ne voulut plus l’entretenir.

— Notre étoile commençait à décliner à Paris. La guerre éclata entre la Russie et le Japon. Le barbeau ; d’une de mes amies organisait un départ de femmes pour servir dans les brasseries-bordels qui suivaient l’armée russe, on nous embaucha, et voilà. »

Mony raconta ensuite ce qui lui était arrivé, en omettant : ce qui s’était passé dans l’Express-Orient. Il présenta Cornabœux aux deux femmes mais sans dire qu’il était le cambrioleur qui avait planté son couteau dans les fesses de Culculine.