Page:Apollinaire - Les Onze mille verges, 1911.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
LES ONZE MILLE VERGES


moitié aussi belle qu’elle l’était en réalité. Un jour que nous dansions pendant une sauterie de famille, après la valse, Florence plaça, comme par hasard, sa main entre mes cuisses en me demandant :

— Bandez-vous ?

Elle s’aperçut que j’étais dans un état d’érection terrible ; mais elle sourit en me disant :

— Et moi aussi je suis toute mouillée, mais ce n’est pas en votre honneur. — J’ai joui pour Dyre.

Et elle alla câlinement vers Dyre Kissird qui était un commis-voyageur Norvégien. Ils plaisantèrent un instant, puis la musique ayant attaqué une danse, ils partirent enlacés et se regardant amoureusement. Je souffrais le martyre. La jalousie me mordait le cœur. Et si Florence était désirable je la désirai bien plus du jour où je sus qu’elle ne m’aimait pas. Je déchargeai en la voyant danser avec mon rival. Je me les figurais au bras l’un de l’autre et je dus me détourner pour qu’on ne vit point mes larmes.

Alors, poussé par le démon de la concu-