Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/153

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Mon frère, taciturne et hautain comme toujours, est entré ; ma femme ne pouvait le souffrir ; cependant elle se jeta à son cou et ses sanglots s’accrurent.

— Calme-toi, Zoé, calme-toi ; tes larmes ne changeront rien, lui disait mon frère d’une voix calme, comme étudiée. Soigne-toi pour les enfants. Crois-moi, il souffre moins, là-bas.

Il se dégagea à grand’peine des enlacements de Zoé, et il l’assit sur le divan.

— Il faut immédiatement donner des ordres. Tu me permettras de t’aider, Zoé ?

— Ah ! André, au nom de Dieu, fais tout… Puis-je penser à quelque chose.

Elle geignit de plus belle. Quant à mon frère, il s’assit au secrétaire, griffonna, puis il fit appeler le maître d’hôtel, Séméon.

— Tu enverras cette information au Novoïé Vrémia, tu m’enverras aussi le fabricant de cercueils, il faudra lui demander s’il ne connaît pas un bon chantre.

— Excellence, répondit Séméon en s’inclinant, il n’est pas nécessaire d’envoyer chercher le fabricant de cercueils : il y en a déjà quatre aux aguets près du perron ; nous les avons chassés ; mais ils tiennent bon. Si vous le désirez, je vais les appeler.

— Non, j’irai sur le perron.