Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/179

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— Que faire ? « Nous ne savons ni le jour, ni l’heure. »

— Oui, tout cela est très beau, nous ne connaissons, nous ne connaissons… c’est bien. Mais ce n’en est pas moins triste de quitter le club, le soir, et de n’être pas sûr d’y retourner le lendemain ; et ce qui est encore plus triste, c’est que vous ne pouvez pas savoir où cette canaille vous attrapera. Ainsi, par exemple, le prince Dmitri Alexandrovitch… il est allé aux funérailles de Vassili Ivanovitch et s’y est enrhumé ; vous et moi y étions aussi, et nous ne nous sommes pas enrhumés.

Le sénateur eut un nouvel accès de toux et son humeur acariâtre s’accentua.

— Oui, il a eu un sort admirable, ce prince Vassili Ivanovitch ; toute sa vie, il a fait des canailleries de tout genre. Bien ! et voilà qu’il meurt… On pourrait croire que c’est la fin de toutes ses canailleries… Pas du tout ! À ses propres funérailles, il a réussi à tuer son neveu.

— Quelle langue, Ivan Jéfimitch ! Vous attaquez non seulement les vivants, mais les morts ? Il y a un proverbe : de mortis, de mortibus

— Vous voulez dire : de mortuis exat bene,