Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/21

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vous continuez à la regarder derrière vos paupières baissées…

Mais comment pouvais-je vous décrire mes transports ? Vous me paraissiez si inaccessible, vous faisiez si peu attention à moi ! Une fois, je vainquis ma timidité : je vous fis une visite, mais vous étiez absente ; trois jours plus tard, je trouvai chez moi une carte de visite du comte : nos relations se bornèrent là.

Vous me demandez pourquoi j’ai parlé de Koudriachine, et vous voulez savoir mon opinion sur lui. Je connais Koudriachine depuis l’enfance, et nous avons été élèves de la même École supérieure ; il était alors très beau et très bon garçon et viveur effréné ; tel il est resté ensuite aux Hussards, et, maintenant en retraite, tel il est encore. Il n’a rien de sublime, il est trop terre à terre ; c’est pourquoi j’ai été surpris de l’attention que vous lui accordiez, et c’est pourquoi je vous ai parlé de lui ; je n’avais pas d’autre raison.

Maintenant tous mes vœux tendent à finir au plus vite l’arrangement ou même le dérangement de mes affaires, pour avoir la possibilité d’être à Pétersbourg cet hiver. En même temps que votre lettre, j’ai reçu la lettre du très connu et richissime Sapounopoulo d’Odessa. Ces jours derniers, en passant, il