Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/250

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blie toujours son nom), j’ai commencé à collectionner des timbres-poste. Même la glaciale miss Take aux longues dents veut bien se dégeler un peu pour moi et me confier ses secrets de famille ; il est vrai que je garde pour elle des bouts de cigare qu’elle envoie chaque mois en Angleterre par l’intermédiaire de son ambassade. De mes anciennes connaissances je ne fréquente plus que la princesse Kozielskaïa. Hier, j’ai dansé chez elle ; il y avait un bien joli bal blanc ; inutile de dire que Lydia était la reine du bal et qu’elle mena tout. Sur son ordre, je me suis occupé des danses, et je puis dire sans vanité que je m’en suis très bien tiré, selon la mode du bon vieux temps ; c’était autrefois ma spécialité. Comme la cousine Lise est très laide et reste souvent sans cavalier, j’ai dû danser avec elle deux quadrilles consécutifs, mais j’ai dansé la mazurka avec Lydia. On ne s’arrête pas de l’inviter, et c’est à peine si je pouvais lui parler, mais je suivais chacun de ses mouvements, et j’étais heureux de la voir revenir vers moi aussitôt libre. La soirée a été tout à fait réussie ; mais, en prenant congé de moi, la princesse Kozielskaïa m’a étonné par trop de reconnaissance pour mon concours. « Merci, merci, cher