Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/275

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criai-je désespéré. Non seulement qu’on peut, mais on doit : il le faut. Comment ne pas le raconter à Michel. Il sera votre mari… Pour tout autre, un tel bonheur suffirait ; mais pour Michel, c’est encore peu : pour son triomphe il lui faut en outre le plaisir de se moquer d’un pauvre vieillard auquel il ne reste rien au monde.

Lydia quitta de nouveau sa place et entourant mon cou de ses bras :

— Cher Pavlik, pardonnez-moi : j’ai dit une grosse sottise. Non, non, vous pouvez être sûr que je ne le raconterai à personne : ni à tante Marie, ni à Michel, à personne, ce sera un secret de vous à moi ; vous m’aimerez comme avant, nous resterons amis.

Je me sentis prêt à pleurer comme un enfant et courus chez moi.

Et voilà comment finit mon dernier amour. Le bonheur est parti, le désespoir seul reste…

Je dois avouer que de retour chez moi, j’éprouvai d’abord une sorte de soulagement. Au moins la situation était claire : plus de trouble à craindre ni d’espoir ; rien ne m’empêcherait plus de continuer mon journal. Je l’ai entrepris en vue d’y résumer ma vie passée, et je me suis laissé entraîner par les événements présents ; désormais, il n’y aura