Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/294

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rait et apprécierait la démarche. Cette voix parle plus haut encore quand je pense à mon propre service funèbre. Je me représente très vivement toute la cérémonie : je vois entrer des hommes, j’entends leurs conversations, je distingue les marques de la sincérité ou de l’indifférence sur les visages ; mais il y a une chose que je ne puis deviner : d’où verrai-je tout cela ? D’où, c’est le problème dont la solution a tourmenté et tourmentera toujours les hommes, ceux qui sont instruits comme les ignorants. Hamlet dit : « Mourir… dormir… Dormir… rêver peut-être. » Mais quel rêve ? voilà la question.

Avdotia Markovna qui, sans doute, n’avait jamais lu Shakespeare, employait la même comparaison, mais formulait sa pensée plus clairement.

Chose remarquable, la science, qui a décidé une fois pour toutes qu’après la mort il n’y a rien, s’efforce cependant, de temps en temps, de soulever le bord du voile qui couvre le grand secret. Pourquoi tant de savants connus font-ils du spiritisme ? Qu’est-ce qui les intéresse ? est-ce la magie seule ?

Du spiritisme, ma pensée est allée naturellement aux défunts. Je me suis remémoré toutes les personnes que j’ai connues, et le