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Que le Parlement, pour préparer l’égalité intégrale des deux sexes en matière politique, accorde promptement aux femmes l’électorat et l’éligibilité pour les Conseils Municipaux, les Conseils d’arrondissement et les Conseils généraux.

Maria Vérone,
avocate à la Cour d’appel de Paris.

Ce vœu, mis aux voix est adopté à l’unanimité avec remerciements à la Section du Suffrage pour l’activité qu’elle montre et félicitations à Mme Maria Vérone pour son lumineux rapport.


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Après l’adoption de ce rapport par l’Assemblée générale du Conseil National des Femmes, la Section en décide l’impression et l’envoi aux membres de la Commission de la Chambre, au groupe féministe présidé par M. Beauquier, ainsi qu’à tous les députés et sénateurs.

Mme Marie Georges Martin, présidente de la Section, a fait alors remarquer que si le Parlement accepte — comme les femmes ont le droit de l’espérer — de leur accorder immédiatement l’électorat et l’éligibilité pour les assemblées départementales et communales le nombre des électeurs va plus que doubler.

Il deviendra nécessaire alors d’augmenter le nombre des conseillers généraux, des conseillers d’arrondissements et des conseillers municipaux, dans une proportion que le Parlement aura à apprécier et à déterminer.

Il apparaîtra même probablement, aux partisans de la représentation proportionnelle qu’il leur appartient d’étudier la question de la représentation proportionnelle des femmes dans toutes les assemblées délibérantes, si on ne leur accorde pas immédiatement les droits politiques intégraux.

Il y aura donc lieu de faire aussi une démarche près du groupe de députés qui s’occupe de la question de la représentation proportionnelle.

C’est même peut-être dans la solution de cette question de la représentation proportionnelle que se trouvera aussi la solution possible d’accorder aux femmes les mêmes droits sociaux, civils et politiques qu’aux hommes.

La femme, être humain comme l’homme, doué de raison comme lui, génératrice et première éducatrice de l’enfant, obligée aux mêmes devoirs que lui dans la famille et dans la société, passible des mêmes peines que lui, doit posséder les mêmes droits que l’homme et participer à la confection des lois avec lui.

La proclamation des droits de l’homme et du citoyen en 1789 fut une des plus belles étapes dans la voie du progrès humain, et, au commencement de ce xxe siècle de justice, de science et de vérité, la République Française a le devoir l’obligation même, de proclamer « le Droit Humain », qui est l’affirmation de l’égalité intégrale à laquelle ont droit les deux sexes, dans la famille et dans la Société Républicaine et Démocratique.