Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/176

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histoire avec une fable incroyable, et que je composerois des livres.

De quelle taille est ce Chaldéen, me dit Milon en riant, et comment se nomme-t-il ? C’est un grand homme noiraut, lui dis-je, qu’on nomme Diophanes. C’est lui-même, me dit-il, et ce ne peut en être un autre ; car il a pareillement prédit ici diverses choses à plusieurs personnes ; mais, après y avoir gagné de l’argent considérablement, il lui arriva un accident cruel ou plutôt fâcheux (36). Un jour étant au milieu d’un grand nombre de peuples, où il découvroit la destinée à qui vouloit l’apprendre, certain négociant, qu’on nomme Cerdon, s’approcha de lui pour savoir quel jour il devoit commencer un voyage qu’il avoit à faire. Déjà le Devin lui avoit marqué ce jour ; déjà le marchand avoit mis bas sa bourse, tiré de l’argent, et compté cent deniers pour le prix de sa prédiction, quand tout à coup un jeune homme de qualité s’approche de Diophanes par derrière, le tire par son habit, et l’obligeant de se tourner de son côté, l’embrasse avec beaucoup d’affection.

Notre Devin l’ayant salué et fait asseoir auprès de lui, parut d’un étonnement et d’une surprise extraordinaire de le voir ; et ne songeant plus absolument à l’affaire dont il s’agiſſoit : Depuis quand, lui dit-il, êtes-vous arrivé, vous que j’ai tant souhaité ? Je ne suis ici que d’hier au soir, lui répondit le jeune