Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/200

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les prit tous à témoin (49), et leur fit voir avec précaution chaque membre de son mari, l’un après l’autre, ayant à côté quelqu’un qui marquoit le tout sur des tablettes. Voilà, dit-elle, son nez entier, ses yeux où l’on n’a pas touché, ses oreilles sauves, ses lèvres où il n’y a rien de gâté, et son menton ferme. Ainsi, Messieurs, vous en rendrez témoignage ; ensuite leur ayant fait signer l’acte, elle se retira. Je lui dis : Madame, ordonnez, s’il vous plaît, qu’on me donne les choses qui me sont nécessaires ? Et que vous faut-il, me dit-elle ? Il me faut, lui dis-je, une grande lampe et de l’huile suffisamment pour l’entretenir jusqu’au jour, avec de l’eau, quelques bouteilles de vin, un verre et un plat de viande des restes du soupé.

Allez, impertinent que vous êtes, me dit-elle, en branlant la tête, vous demandez des restes du soupé dans une maison pleine d’affliction, où, depuis plusieurs jours, on n’a seulement pas allumé de feu. Pensez-vous être venu ici pour faire bonne chère ? Ne devriez-vous pas plutôt faire voir sur votre visage des larmes, et une tristesse convenable à ce lieu-ci ? En disant cela, elle se tourna vers sa femme-de-chambre. Mirrhine, dit-elle, qu’on lui apporte tout présentement une lampe et de l’huile. Elle sortit en même-temps, ferma la porte sur moi, et me laissa dans la chambre.

Chagrin de me voir seul à la garde du corps