Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/220

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nous rencontrâmes, le vent éteignit la lumière qui servoit à nous conduire ; de manière que nous trouvant tout d’un coup dans les ténèbres d’une nuit très-obscure, nous eûmes toutes les peines du monde à regagner notre demeure, fort fatigués et les pieds tout meurtris par les pierres que nous avions rencontrées en chemin.

En entrant dans notre rue, nous voyons trois grands coquins qui viennent frapper à notre porte de toute leur force, sans que notre présence leur fît la moindre peur ; il sembloit au contraire qu’ils redoublassent leurs coups, dans le dessein de nous braver ; de manière que nous ne doutâmes point, et moi particulièrement, que ce ne fussent des voleurs, et même des plus déterminés. Aussi-tôt je tire mon épée, que j’avois apportée sous mon manteau, pour me défendre en pareilles rencontres ; et sans balancer un moment, je me jette au milieu de ces brigands, et l’enfonce bien avant dans le corps de chacun d’eux à mesure qu’ils se présentoient devant moi, jusqu’à ce qu’enfin percés de plusieurs grands coups d’épée, ils tombent morts à mes pieds. Fotis, que le bruit de ce combat avoit réveillée, s’en vint toute hors d’haleine ouvrir la porte. Je me jette dedans tout en sueur, et vais me mettre au lit, aussi fatigué d’avoir combattu ces trois voleurs, que le fut Hercule après la défaite du triple Gerion (67).


Fin du second Livre.