Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/262

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nous sommes obligés de punir sévèrement, celui même qui l’a commis ne le peut désavouer. Il ne nous reste plus qu’à trouver les moyens de découvrir les complices d’une action si noire ; puisqu’il n’est pas vraisemblable qu’un homme seul en ait pu tuer trois, jeunes, forts et vigoureux. Il est donc à propos d’employer les tourmens pour en savoir la vérité ; car le valet qui l’accompagnoit s’est sauvé sans qu’on ait pu le découvrir, et cela réduit l’affaire au point qu’il faut donner la question au coupable (10), pour lui faire déclarer ses complices, afin de nous délivrer entièrement de la crainte d’une faction si dangereuse.

Sur le champ on me présente le feu, la roue et des fouets de différentes sortes, à la manière de la Grèce (11). Ce fut alors que mon affliction redoubla, de ce qu’il ne m’étoit pas au moins permis de mourir sans perdre quelque partie de mon corps. Mais cette vieille femme qui, par ses larmes, avoit ému toute l’assemblée, s’écria : Chers concitoyens, avant que ce brigand, meurtrier de mes trois pauvres enfans, soit appliqué à la question, souffrez que l’on découvre leurs corps, afin que, remarquant comme ils étoient bien faits et dans la fleur de leur âge, votre juste indignation s’augmente encore, et que vous punissiez le coupable suivant la qualité de son crime.

Tout le peuple applaudit à ce que cette femme venoit de dire et le juge aussi-tôt me commanda de