Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/302

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qui crioient : aux voleurs ; ce qui lui fit prendre la fuite tout épouvanté.

Si-tôt que la porte de notre maison fut jetée par terre, une partie des voleurs entre pour la piller, et l’autre l’investit l’épée à la main. Les voisins accourent au secours de tous côtés ; mais les voleurs leur font tête. Il y faisoit clair comme en plein jour, par la quantité de flambeaux et d’épées nues qui brilloient à la lumière. Pendant ce temps-là, quelques-uns de ces voleurs vont à un magasin qui étoit au milieu du logis, où Milon serroit toutes ses richesses, et à grands coups de haches en enfoncent la porte, quoiqu’elle fût bien forte et bien baricadée. Ils enlèvent tout ce qu’ils y trouvent, font leurs paquets à la hâte, et en prennent chacun leur charge ; mais ils n’étoient pas assez de monde pour pouvoir emporter la quantité de richesses qu’ils avoient. Cela les obligea, ne sachant comment faire, à tirer mon cheval de l’écurie, et deux ânes que nous étions, et à nous charger tous trois le plus qu’il leur fut possible. Ayant tout pillé dans la maison, ils en sortirent en nous faisant marcher devant eux à coups de bâton. Et après avoir laissé un de leur camarade dans la ville, pour voir quelle perquisition l’on feroit de ce vol, et pour leur en rendre compte, ils nous firent aller le plus vîte qu’ils pûrent dans des montagnes et par des endroits écartés et déserts.

J’étois prêt de succomber et de mourir accablé