Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/422

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sur un lit chercher le sommeil où le retour de la nuit l’invitoit. Quand la nuit fut un peu plus avancée, le son d’une douce voix vint frapper ses oreilles. Alors se voyant seule, la peur la saisit ; elle frissonne, et craint plus que toutes choses ce qu’elle n’a point encore éprouvé ; cependant cet époux inconnu s’approche du lit de Psiché, se couche auprès d’elle, en fait sa femme, et la quitte avant le jour. Peu de temps après, ces personnes invisibles qui la servoient, font entendre leurs voix dans sa chambre, et préparent tout ce qu’il faut pour le lever de la nouvelle mariée. Psiché passa quelque temps dans ce genre de vie, et s’y accoutumant insensiblement, elle y prenoit plaisir : ces voix qui lui obéissoient, et avec qui elle s’entretenoit, lui rendoient sa solitude agréable.

Cependant son père et sa mère consumoient le reste de leur vieillesse dans les gémissemens et dans une affliction continuelle. Le bruit du malheur de leur fille s’étoit répandu dans les pays éloignés. Ses deux sœurs en étant informées, quittèrent leurs maris, et vinrent au plus vite mêler leurs larmes à celles de leurs parens. Cette même nuit l’époux de Psiché lui parla ainsi ; car, quoiqu’elle ne le vît point, elle ne laissoit pas de le toucher et de l’entendre : Ma chère épouse, je vous avertis que la fortune cruelle vous menace d’un péril terrible ; il est à propos que vous vous teniez bien sur vos gardes.