Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/542

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bonne enfant, que vous faisiez tant de diligence ? Mais nous vous donnerons de la compagnie dans votre solitude, et nous vous montrerons un chemin plus court que celui-ci, pour aller chez vous. En achevant ces mots, il étend le bras, me prend par mon licou, et me fait retourner sur mes pas en me frappant rudement avec un bâton plein de nœuds qu’il tenoit en sa main.

Alors voyant qu’on me faisoit aller par force trouver la mort, qui m’étoit destinée, je me souvins de la blessure que j’avois au pied, et commençai à boiter tout bas, et à marcher la tête entre les jambes. Oh ! ho ! dit celui qui m’avoit détourné de notre chemin, tu chancelles et tu boites plus que jamais ; tes mauvais pieds sont excellens pour fuir ; mais, pour retourner, ils n’en ont pas la force : il n’y a qu’un moment que tu surpassois en vîtesse Pégase même avec ses aîles. Pendant que ce bon compagnon plaisantoit ainsi agréablement avec moi, me donnant de temps en temps quelques coups de bâton, nous avancions toujours chemin ; nous arrivâmes enfin à la première enceinte du lieu de leur retraite. Nous trouvâmes la vieille femme pendue à une branche d’un grand ciprès. Les voleurs commencèrent par la détacher, et la jettèrent dans un précipice, avec la corde qui l’avoit étranglée, qu’elle avoit encore au cou. Ayant ensuite lié et garotté la jeune fille, ils se jettent, comme des loups affamés, sur