Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/133

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du côté du chemin un autre grand vieillard, accablé sous le poids des années, et ne marchant qu’avec peine tout courbé sur un bâton. Il s’approcha d’eux en pleurant à chaudes larmes. Après qu’il les eut regardés, il se jetta à leurs pieds ; et leur embrassant les genoux aux uns et aux autres : Puissiez-vous, leur dit-il, toujours en joie et en santé, parvenir à un âge aussi avancé que le mien ; mais je vous conjure par ce que vous avez de plus cher au monde, et par vous-même (8) de secourir un vieillard qui perd l’espoir de sa famille. Retirez des bras de la mort un jeune enfant qui m’appartient, et le rendez à ma vieillesse ; c’est mon petit-fils, et le cher compagnon de mon voyage. Il s’eſt par hasard détourné pour tâcher de prendre un moineau qui chantoit dans ce buisson, et il est tombé dans une fosse ici près, qui étoit cachée par des feuillages et de petits arbres. Il est près de mourir ; j’entens bien aux cris et aux plaintes qu’il fait, en m’appellant à son secours, qu’il est encore en vie ; mais n’ayant plus aucune force, comme vous le voyez, il m’est impossible de le secourir, et il vous sera facile à vous, qui êtes jeunes et vigoureux, d’assister un vieillard malheureux, et de lui conserver cet enfant, qui est son unique successeur, et le seul de sa famille.

Les prières et les larmes de ce vieillard, qui s’arrachoit ses cheveux blancs, nous touchèrent tous de compassion. Un de nos bergers, plus hardi, plus