Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/164

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nité de Génies particuliers, dont les uns présidoient aux empires, aux provinces et aux villes, d’autres aux maisons des particuliers, à leurs familles, et à leurs personnes mêmes, que ce Génie particulier, qu’ils croyoient fils de Jupiter et de la Terre, présidoit à la nativité de tous les hommes, et que l’esprit de cette divinité étoit de les porter à l’usage de la vie la plus délicieuse, à rechercher toutes les occasions de plaisir, et à les regarder comme de véritables dons du ciel, qui passent rapidement, et dont on doit ménager avec soin tous les momens ; et lorsque, suivant l’esprit de cette divinité, ils se livroient à la joie et au plaisir, cela s’appelloit genio indulgere. Chacun sacrifioit tous les ans à son Génie, et particulièrement le jour de sa naissance. Ces sacrifices étoient accompagnés de jeux, de danses et de festins. On n’y offroit ordinairement que des parfums, des essences précieuses, des fleurs et l’effusion du vin délicieux, et jamais on n’y immoloit des victimes. Ils regardoient comme une cruauté et comme une chose qui pouvoit avoir de mauvaises suites, d’ôter la vie à quelque animal le jour qu’eux-mêmes l’avoient reçue.

Ils attribuoient à ce Génie particulier toute leur bonne conduite dans les affaires, les succès et les prospérités. Ils croyoient devoir à je ne sai quelle influence et inspiration de sa part ces heureux événemens, où il entre quelque chose de plus que les règles de la prudence humaine, et où souvent la fortune décide contre ces mêmes règles.

Ce culte et cette vénération des anciens pour leur Génie faisoit que, lorsqu’on vouloit obtenir une grâce de quelqu’un, on ne croyoit pas pouvoir la lui demander par rien de plus fort et de plus sacré pour lui, que par son Génie.

(9) Qui font demander l’aumône à la déesse de Syrie. C’étoit la grand’mère des Dieux, que l’on nommoit indif-