Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/21

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dans son habit. Il les avoit pris, à ce qu’il disoit, à plusieurs passans, et les apportoit à la bourse commune, comme un homme de probité qu’il étoit. Ensuite il s’informa soigneusement de l’état et de la santé de tous ses camarades ; et quand ils lui eurent appris que plusieurs de ceux qui avoient le plus de mérite et de valeur étoient morts en diverses occasions, où ils s’étoient signalés, il leur conseilla de laisser, pour quelque temps, les chemins libres, et de ne faire aucune entreprise, mais de songer plutôt à remplacer ceux qui avoient péri, et à remettre leur vaillante troupe au même nombre qu’elle étoit ; qu’à l’égard de ceux qui ne voudroient pas se joindre à eux, ils pourroient les y forcer par des menaces, et y engager, par des récompenses, ceux qui avoient bonne volonté ; qu’il y en avoit beaucoup qui, las d’une condition basse et servile, aimoient bien mieux embrasser un genre de vie qui tenoit de la puissance et de l’indépendance des Rois. Que, pour lui, il avoit déjà traité, il y avoit quelque temps, avec un jeune homme, grand, fort et vigoureux, qui lui avoit conseillé, et enfin persuadé d’employer ses mains engourdies par une longue oisiveté à de meilleurs usages qu’il ne faisoit, de profiter de la santé dont il jouissoit, pendant qu’il le pouvoit, et plutôt que d’étendre le bras pour demander l’aumône, de s’en servir pour avoir de l’or.

Ils approuvèrent tous ce conseil, et résolurent de