Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/268

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parle ainsi de ces oracles : Voici en quoi consiste la fourberie, non à répondre suivant ce que souhaitent ceux qui viennent à l’oracle, mais par l’obscurité et l’ambiguité des réponses qu’on leur fait, à les renvoyer dans une telle incertitude, que quelque évènement qui leur arrive, ils croient que c’est ce qui leur a été prédit. Tel est cet oracle dont parle Cicéron, rendu par Apollon à Crésus, roi de Lydie. Cræsus Halym penetrans magnam pervertet opum vim.

Si Crésus passe le fleuve Halis pour aller à la rencontre de son ennemi, il renversera un florissant état. Crésus croyoit, dit Cicéron, abatre les forces de ses ennemis, il a abattu les siennes ; que l’une ou l’autre de ces deux choses arrivât, l’oracle se trouvoit toujours véritable. L’oracle que rapporte ici Apulée n’est pas de cette espèce ; il promet toujours un heureux évènement sur quoi que ce puisse être qu’on l’interroge.

(10) Lorsqu’enfermés dans son temple, ils faisoient semblant de célèbrer ses secrets mystères. Ces mystères se nommoient opertanea, cachés. Qui que ce soit n’y assistoit que les Prêtres, de peur, disoient-ils, que la vue des profanes ne les souillât ; mais c’étoit un secret qu’ils avoient trouvé pour commettre toutes sortes d’abominations, sans être vus ni interrompus.

(11) Et le jettent en prison. In Tullianum compingunt. Il y avoit dans la prison de Rome un endroit souterrain qui se nommoit Tullianum, parce qu’on croyoit par tradition, que le roi Servius Tullius l’avoit fait bâtir. Apulée se sert de ce nom en parlant de quelque prison que ce soit.

(12) Ils avoient des marques imprimées sur le front. Quand les esclaves avoient commis quelque crime, ou