Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/27

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toit toutes sortes de travaux, avec un courage fort au-dessus de son sexe.

Après qu’ils eurent souffert beaucoup de fatigues par les chemins, et essuyé les dangers de la navigation, pour aller à Zacynte (7), où cet homme étoit malheureusement relégué pour un temps, ils arrivèrent au rivage d’Actium (8), où nous exercions le brigandage depuis que nous étions sortis de Macédoine. Pour mieux reposer, ils furent passer la nuit à terre, proche de leur vaisseau, dans un petit cabaret qui étoit sur le bord de la mer. Nous forçâmes la maison, et nous prîmes tout ce qu’ils avoient. Ce ne fut pas sans beaucoup de danger, à la vérité, que nous nous tirâmes de cette affaire ; car d’abord que Plotine entendit du bruit à la porte, elle se mit à courir par toute la maison, la remplissant de ses cris, appellant au secours les soldats, les voisins et ses domestiques, qu’elle nommoit tous par leur nom ; mais heureusement ils ne songèrent qu’à se cacher les uns et les autres, chacun craignant pour sa propre vie. Ainsi nous nous retirâmes sans accident.

Cependant cette courageuse femme, qui, par son rare mérite, car il faut lui rendre justice, s’étoit acquis l’estime et la considération de tout le monde, intercéda si bien auprès de l’Empereur, qu’elle obtint en peu de temps le retour de son mari et l’entière punition du vol que nous leur avions fait.