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LES

MÉTAMORPHOSES:

ou

L’ANE D’OR D’APULÉE,

PHILOSOPHE PLATONICIEN,

LIVRE DIXIEME.


Le lendemain, je ne sais ce qui arriva du jardinier, mon maître ; mais ce soldat qui, par son injuste violence, s’étoit attiré un si mauvais traitement, me détacha et m’emmena de l’écurie où l’on m’avoit mis, sans que personne s’y opposât, et ayant pris, de l’endroit où il logeoit, des hardes qui me paroissoient être les siennes, il me les chargea sur le corps, et m’ajusta dans un équipage de guerre ; car il me mit par-dessus cela un casque fort brillant, un bouclier qui l’étoit encore davantage, avec une lance extrêmement longue, le tout en manière de trophée, comme on a coutume de faire à l’armée ; ce qu’il avoit accommodé ainsi, non pour observer la discipline militaire, mais pour épouvanter les pauvres passans. Après que nous eûmes marché quelque temps dans une plaine par un chemin aisé, nous arrivâmes dans une petite ville ; nous ne fûmes point loger à l’hôtellerie, nous allâmes à la