Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/377

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prisons de la terre, qui, parcourant diverses forêts, êtes adorée sous des cultes différens ; vous qui êtes le second flambeau de l’univers, et qui, par vos humides rayons, nourrissez les plantes, et répandez différemment votre lumière, à proportion que vous approchez ou reculez du soleil. Grande Déesse, sous quelque nom, sous quelque forme, et par quelques cérémonies qu’on vous révère, secourez-moi dans mes extrêmes disgraces ; relevez-moi de ma chûte malheureuse, et faites que je puisse enfin jouir d’un doux repos, après tous les maux que j’ai soufferts : qu’il suffise des travaux et des périls où j’ai été exposé. Otez-moi cette indigne figure de bête, dont je suis revêtu, et me rendez à mes parens et à mes amis, en me faisant redevenir Lucius ; que, si je suis l’objet de la haine implacable de quelque Dieu qui me persécute si cruellement pour l’avoir offensé, qu’il me soit au moins permis de mourir, s’il ne m’est pas permis de vivre dans un autre état.

Après cette prière qui fut encore suivie de quelques lamentations tristes et touchantes, mes sens accablés de langueurs se laissèrent une seconde fois aller au sommeil, au même endroit où je m’étois déjà endormi. A peine avois-je fermé les yeux, qu’il me sembla que, du milieu de la mer sortoit une divinité qui éleva d’abord une tête respectable aux Dieux-mêmes, et qui ensuite faisant sortir des flots peu à peu tout son corps se présenta devant moi.