avec mon licou, ou par la queue, ou d’ôter une partie de mon fardeau, jusqu’à ce que je fusse au moins debout, il ne cessoit point de me frapper, depuis la tête jusqu’aux pieds, avec un grand bâton, et c’étoit tout le secours qu’il me donnoit jusqu’à ce que je fusse relevé.
Il s’avisa encore d’une nouvelle méchanceté : il fit un petit paquet d’épines, dont la piquure étoit venimeuse ; il me l’attacha à la queue, afin que, par le mouvement que je leur donnerois en marchant, leurs pointes dangereuses m’entrassent dans la peau. Je souffrois donc une double peine, si j’allois bon train, pour éviter d’être battu, les épines me piquoient cruellement, et si je m’arrêtois un moment pour faire cesser la douleur qu’elles me causoient, on me donnoit des coups de bâton pour me faire marcher. Enfin il sembloit que ce maudit valet n’eut autre chose en tête que de me faire périr de quelque manière que ce pût être ; il m’en menaçoit même quelquefois, en jurant qu’il en passeroit son envie, et il arriva une chose qui anima encore sa détestable malice contre moi.
Un jour ma patience étant absolument à bout,