de ne point venir de Dieu, il leur insinue indirectement que celle pensée vient aussi du démon : « Et il n’est point demeuré dans la vérité. » — S. AUG. (Cité de Dieu, 11, 13.) Il en est qui prétendent que dès le commencement de son existence, le démon n’est point demeuré dans la vérité, et qu’il n’a jamais eu part à la béatitude des saints anges ; car, disent-ils, il a refusé de se soumettre à son Créateur, et il est devenu aussitôt un esprit faux et trompeur, parce qu’au lieu de conserver par une humble soumission ce qu’il était véritablement, il a mieux aimé affecter par un excès d’orgueil, une élévation qui ne lui appartenait pas. Ce sentiment n’a rien de commun avec l’erreur des Manichéens qui enseignent que le démon tient sa nature mauvaise d’un principe essentiellement mauvais et opposé à Dieu. Séduits par la vanité de leurs pensées, ils ne font point attention que Nôtre-Seigneur n’a pas dit : Il fut étranger à la vérité, mais : « Il n’est pas demeuré dans la vérité, » ce qui indique qu’il est tombé des hauteurs de la vérité, (chap. 15) Ils entendent encore ces paroles de saint Jean : « Le démon pèche dès le commencement, » (1 Jn 3) dans ce sens qu’il n’a jamais été sans péché. Mais comment expliquer alors les témoignages contraires des prophètes ? celui d’Isaïe qui, voulant figurer le démon dans la personne du roi de Babylone, lui dit : « Comment est tombe du ciel Lucifer, ce bel astre qui se levait dès le matin ? » (Is 14) et celui d’Ezéchiel : « Vous avez été dans les délices du paradis de Dieu. » (Ez 28) Si l’on ne peut donner de ces deux passages une interprétation plus fondée, il faut les entendre dans ce sens que le démon a été dans la vérité, mais qu’il n’y a pas demeuré. Quant à ces paroles de saint Jean : « Le démon pèche dès le commencement, » il faut les entendre non point du moment qu’il a
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