Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 8, 1869.djvu/289

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allait où ils ne pouvaient le suivre actuellement ; maintenant il leur déclare qu’il s’en ira, sans qu’aucun d’eux lui demande où il va : « Aucun de vous ne me demande : Où allez-vous ? » Car lorsqu’il monta aux cieux, ils l’accompagnèrent de leurs regards, mais sans chercher à savoir où il allait. Or, le Seigneur voyait l’effet que produisaient ses paroles dans leur cœur ; comme ils n’avaient pas encore cette consolation intérieure que le Saint-Esprit devait répandre dans leur âme, ils craignaient de perdre la présence visible de Jésus-Christ ; et comme d’après sa déclaration, ils ne pouvaient douter qu’ils la perdraient, leur affection encore tout humaine s’attristait de ce que leurs yeux allaient être privés de ce qui faisait leur consolation : « Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur. » Jésus savait ce qui leur était le plus avantageux ; car la vue intérieure que l’Esprit saint devait leur donner comme consolation, était bien préférable : « Cependant je vous dis la vérité, il vous est avantageux que je m’en aille. » — S. Chrysostome : C’est-à-dire, dût votre tristesse être mille fois plus grande, il vous faut entendre cette vérité, c’est qu’il vous est utile, que je me sépare de vous. Or, quelle est cette utilité ? « Car si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra pas à vous. » S. AUG. (de la Trin., 1, 9) S’il parle de la sorte, ce n’est point qu’il y ait inégalité entre le Verbe de Dieu et l’Esprit saint, mais parce que la présence du Fils de l’homme au milieu d’eux était comme un empêchement à la venue de celui qui ne lui était pas inférieur, parce qu’il ne s’était pas anéanti lui-même jusqu’à prendre la forme d’esclave. (Ph 2) Il fallait donc faire, disparaître à leurs yeux la forme de serviteur, qui les portait à croire que Jésus-Christ n’était pas