Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 8, 1869.djvu/299

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semblables à celles que le Sauveur dit de lui-même : « Je ne puis faire rien de moi-même, mais je juge suivant ce que j’entends, » toutefois il parlait ainsi en tant qu’homme. — Or, comme l’Esprit saint n’est pas devenu créature par son union à un être créé, comment entendre en lui ces paroles de Nôtre-Seigneur ? Nous devons les entendre dans ce sens que l’Esprit saint n’existe point par lui-même, car le Fils est né du Père, et l’Esprit saint procède du Père ; or quelle différence entre procéder et naître, c’est ce qui demanderait de longues discussions et ce qu’il serait téméraire de définir. Entendre pour l’Esprit-Saint, c’est savoir, et savoir, c’est être. Puisque donc l’Esprit saint n’existe pas de lui-même, mais par celui de qui il procède, il reçoit la science et la propriété d’entendre de celui duquel il reçoit l’être. L’Esprit saint entend donc, toujours parce qu’il sait toujours ; c’est donc de celui qui lui a donné l’être qu’il a entendu, qu’il entend et qu’il entendra.




DIDYME. (De l’Esprit saint.) Nôtre-Seigneur dit donc : « Il ne parlera pas de lui-même, » c’est-à-dire sans la volonté de mon Père et la mienne ; parce qu’il tire son existence de mon Père et de moi, et c’est de mon Père et de moi qu’il a reçu d’être, et de parler. Pour moi, je dis la vérité, c’est-à-dire je lui inspire ce que je dis, car il est l’Esprit de vérité. Lorsqu’il s’agit de la Trinité, il ne faut point entendre ces expressions dire et parler dans leur signification ordinaire, mais dans le sens qui seul peut convenir aux natures incorporelles, et surtout à la Trinité qui inspire sa volonté dans le cœur des fidèles et de ceux qui sont dignes d’entendre sa voix. Pour le Père parler, et pour le Fils entendre, est le signe d’une entière égalité de nature, et d’une