Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 8, 1869.djvu/394

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condamner les Juifs par la bouche même de Pilate : « Pilate reprit : Est-ce que je suis juif ? » — S. AUG. Il se justifie du soupçon qu’il eut parlé ainsi de lui-même, et prouve que ce sont les Juifs qui ont accusé près de lui Jésus de cette prétention : « Votre nation et vos prêtres vous ont livré à moi. En ajoutant : Qu’avez-vous fait ? » il fait assez voir que c’était là le crime dont on l’accusait, et il semble lui dire : Si vous niez que vous ayez aspiré à la royauté, qu’avez-vous fait pour m’être livré ? Comme s’il n’était pas étonnant qu’on eût amené devant son tribunal pour être condamné un homme qui se disait roi.




S. Chrysostome : Le Sauveur cherche à relever les idées de Pilate qui n’était pas absolument mauvais, il veut lui prouver qu’il n’est pas simplement un homme, mais qu’il est en même temps Dieu et le Fils de Dieu ; et il éloigne tout soupçon d’avoir aspiré à la royauté (ce qu’avait craint jusqu’à présent Pilate) : « Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde, » etc. — S. AUG. Voilà ce que le bon maître a voulu nous apprendre, mais il fallait auparavant nous faire connaître la vaine opinion que les hommes, Gentils ou Juifs de qui Pilate l’avait apprise, s’étaient formée de sa royauté. Ils prétendaient qu’il méritait la mort pour avoir cherché à s’emparer injustement de la royauté. Ou bien encore comme ceux qui sont en possession du pouvoir voient ordinairement d’un œil jaloux ceux qui peuvent leur succéder, les Romains ou les Juifs pouvaient craindre que ce nouveau royaume ne fût oppose à leur domination. Si le Sauveur avait répondu aussitôt à la question de Pilate, il eût paru répondre exclusivement pour les Gentils qui avaient de lui cette opinion ; mais après la réponse de Pilate, il répond d’une manière plus opportune et