Page:Arène - Œuvres, 1884.djvu/136

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façon de rire et de regarder en dessous, son bras menu serrait si fort, et sa tête semant à chaque éclat de rire, sur son cou brun et sur sa collerette, la fine poudre d’or dont sa chevelure était poudrée, faisait frissonner si doucement l’épi de grelots à la cime du bonnet phrygien.

Bah ! me dis-je, puisqu’elle est masquée. Suis-je obligé, après tout, de savoir qui habite dans ce pourpoint, de qui sont ces yeux noirs et comment ce joli pied se nomme !… Au seul bruit des grelots d’argent mes projets de vertu s’étaient envolés.

Demi-heure plus tard, chez un restaurateur de nuit fort modeste (on n’était pas riche, que voulez-vous ?), dans un de ces petits salons tendus de papier tabac d’Espagne en prévision de la fumée des cigares, et sur un de ces sophas peints en rouge, afin, j’imagine, qu’ils ne rougissent de rien, tandis que la bisque traditionnelle embaumait, nous nous jurions, la Folie et moi, un amour à jamais, selon l’usage. La Folie gardait son loup, j’avais la conscience tranquille.

Mais, tout d’un coup, l’ardeur de nos serments fait tomber le bouquet de grelots ; je veux le remettre à sa place, mes doigts rencontrent un nœud de ruban, le loup se détache, miséricorde !

— « Et Nivoulas ? »… s’écriait, en cachant dans ses mains sa malicieuse figure inondée de larmes, Roset, car c’était Roset, prise de subits remords.