Page:Arène - Œuvres, 1884.djvu/148

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comme la nuit, qui, désabusé de l’amour et vieux avant l’âge, s’entourait, à Paris, des inventions les plus raffinées du luxe, des arts et du plaisir, et finissait par s’éteindre, sans regrets, ainsi qu’un dieu mortel, dans la Caprée en miniature qu’il s’était fait bâtir aux Batignolles.

Le fond psychologique de mon Étude laissait peut-être quelque chose à désirer, mais que le cadre en était beau !

Donnant, cette fois, libre carrière à ma fantaisie, j’avais prodigué, du haut en bas, l’or, les diamants et les étoffes, ce qui d’ailleurs ne me coûtait rien. Des fleurs partout, des eaux, des marbres ! Et le pavillon où mon héros logeait ses favorites, comme il s’y trouvait décrit amoureusement jusqu’en ses plus intimes recoins, avec l’insistance minutieuse et douloureuse d’un moine maigre s’échauffant le cerveau entre les murs de sa cellule à faire tenir le paradis sur un petit carré de vélin !

Cette comparaison est même très juste, car ma pension se trouvant dévorée en herbe et pour longtemps par mes libéralités à Roset et les frais d’impression du volume, je déjeunais de deux sous de lait et d’un petit pain, le jour où Paris vit s’épanouir somptueusement à la vitrine des libraires MES ORGIES, livre de vers, par Jean-des-Figues, avec son beau titre rouge et noir, sa préface abracadabrante, et l’eau forte d’en tête, composition imprégnée d’un mystérieux symbolisme