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XXIV

LE SONGE D’OR


Est-il rien de plus agréable que de faire son tour de boulevard après un bon dîner, le cigare aux dents et la lèvre parfumée encore d’un nuage de fin moka ou d’une goutte de vieux cognac roux comme l’ambre ? de sentir sous le sein gauche la douce et pénétrante chaleur que communique au cœur un gousset bien garni ? et, fermant les yeux à demi pour concilier les béatitudes de la digestion avec les nécessités de la promenade, de tout confondre en un même désir voluptueux, l’Idéal, le Réel, l’ombre de la demoiselle qui passe et les mille visions charmantes qui vous dansent dans le cerveau ?

Je me trouvais un soir dans ces dispositions. Mon étude publiée sans nom d’auteur — on fit