Page:Arène - Œuvres, 1884.djvu/182

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Exaspéré, je rentre encore et me rhabille. Trois fois, comme dirait une épopée classique, Jean-des-Figues changea de vêtements, et trois fois la malice d’un ciel d’automne l’inonda, ses vêtements et lui, sans réussir à calmer sa fièvre.

Malheureusement, ma garde-robe de poète n’était pas inépuisable ; et, quand une redingote puce eut subi la même aventure que la jaquette gris-perle et le veston bleu de roi, force me fut de renoncer à ma visite.

Je me sentis vaguement perdu. J’entendais à travers le rideau de vigne, par la fenêtre de la terrasse, la voix connue de Roset, tentation irrésistible ! Comme pour mieux railler ma défaite, l’orage s’en était allé plus loin, et le soleil dans le ciel lavé resplendissait avec un éclat peint d’ironie.

C’était à s’arracher les cheveux.

— Et mon habit noir ? m’écriai-je, subitement illuminé, mon habit noir auquel je ne songeais pas ! Cet habit soit loué, je pourrai voir Reine aujourd’hui, mademoiselle Roset ne sera pas victorieuse.

Mais l’habit noir appelle la cravate blanche et le reste. Dans mon ardeur de fuir Roset, sans réfléchir au caractère extraordinairement solennel qu’un pareil costume pourrait prêter à une visite d’ami, à une simple visite de campagne, me voilà trottant en gilet à cœur, en claque et en escarpins de bal, sur la grande route encore humide dont