Page:Arène - Œuvres, 1884.djvu/195

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Le tronc du figuier m’empêchait de bien voir… et puis ces gaillards-là, petit, il ne fait pas bon se mêler de leurs affaires…

— Et qu’ont-ils enterré ?…

— Est-ce qu’on sait ? » fit-il en arrachant un bourgeon gourmand.

Est-ce qu’on sait… Ces cinq mots d’abord ne me frappèrent point. Mais bientôt autour de la petite phrase jetée, une série d’imaginations folles naquirent, se succédèrent, comme les cercles qui courent sur l’eau, et toutes finissaient par se confondre en une commune obsession, toutes me faisaient entrevoir des rapports étranges entre deux faits qui peut-être vous sembleront n’en avoir guère : la disparition de Roset et la terre remuée sous mon figuier.

Le soir, sur la place du Cimetière Vieux, à l’heure où les moineaux font tapage dans les ormes, quelques personnes allaient et venaient.

D’un air indifférent, je me mis au pas de la promenade, à la droite de M. Cabridens ; puis toujours à mon idée, je fis descendre la conversation, par cascades habilement ménagées, du prix courant des chardons et des garances dont la société s’entretenait, aux mœurs singulières des bohémiens. Cette manœuvre me fut d’autant plus aisée que l’inépuisable M. Cabridens avait autrefois, nous dit-il, élaboré un mémoire sur cet important problème ethnologique…

— « Ethnologique et social ! interrompit le nouveau