Page:Arène - Œuvres, 1884.djvu/29

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réfléchi : — « Je ne connais pas le joueur de flûte, me répondit-il, mais la dame doit être madame de Pompadour. » Madame de Pompadour ! ce nom éclatant et doux comme un sourire de favorite, ce nom amoureux et royal que je n’avais jamais entendu, produisit sur moi un effet extraordinaire. Madame de Pompadour ? je ne songeai qu’à ce nom-là toute la nuit.

Sans madame de Pompadour, j’aurais été malheureux à l’école, mais sa gracieuse compagnie me faisait attendre avec patience l’heure où, les portes s’ouvrant enfin, nous prenions notre vol en liberté, mes camarades et moi, vers tous les coins de Canteperdrix.

Personne, parmi tant de polissons érudits en ces matières, ne connaissait la ville et ses cachettes comme moi. Il n’y avait pas, dans tout le quartier du Rocher, un trou au mur, un brin d’herbe entre les pavés dont je ne fusse l’ami intime. Et quel quartier, ce quartier du Rocher ! Imaginez une vingtaine de rues en escaliers, taillées à pic, étroites, jonchées d’une épaisse litière de buis et de lavande sans laquelle le pied aurait glissé, et dégringolant les unes par-dessus les autres, comme dans un village arabe. De noires maisons en pierre froide les bordaient, si hautes qu’elles s’atteignaient presque par le sommet, laissant voir seulement une étroite bande de ciel, et si vieilles que sans les grands arceaux en ogive aussi vieux qu’elles qui enjambaient le pavé tous