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Page:Arène - Contes de Paris et de Provence, 1913.djvu/50

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MON AMI NAZ


Or, voici par suite de quelle aventure mon ami Naz fut voué au vert :

Blasé sur les joies du collège, fatigué de fumer toujours des feuilles sèches de noyer dans des pipes en roseau, et d’élever des serpents avec des cochons d’Inde au fond d’un pupitre, mon ami Naz résolut un jour de s’offrir des émotions plus viriles.

Et, le képi sur l’œil, le cœur battant à faire éclater sa tunique, il entra, mon ami Naz, au cabaret de la mère Nanon.

Tous les collégiens un peu avancés en âge le connaissaient, ce cabaret : une porte basse sur la rue, un petit escalier à descendre, un corridor à suivre, et l’on se trouvait dans la salle ! avec son plafond à solives, sa fenêtre qui regarde la Durance, et la bataille d’Isly accrochée au mur.

Ô joie, ô paresse !… Le collège à deux pas (parfois même nous en entendions la cloche), et du soleil plein la fenêtre, et la grande voix de la Durance qui montait.

— Une topette de sirop, mère Nanon !

— De sirop, petits ?… Est-ce de gomme ou de capillaire ?

— De capillaire, mère Nanon.

Et la mère Nanon apportait une topette de