Aller au contenu

Page:Arène - Contes de Provence, 1920.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
CONTES DE PROVENCE

maigres larmes de ma fontaine ne rempliraient pas en un an… L’avais-je assez cherchée, un peu partout, la source perdue ? et s’était-on assez gaussé de moi quand je faisais tourner la baguette !… Je la tiens maintenant, regardez plutôt. »

Il me montrait, en effet, à côté d’un peuplier renversé, racines en l’air, un trou profond d’où sortait une eau bouillonnante.

« Ça ferait tourner un moulin !… Mais vous figurez-vous ma surprise quand, le peuplier tombant, j’ai vu entre deux grosses pierres, à la place où étaient les racines, tant de belle eau claire jaillir. »

Des larmes plein ses yeux plissés, avec cette adoration de l’eau que nos paysans du Midi semblent avoir héritée des Maures, il s’agenouillait et puisait à la source dans le creux de ses mains dures et rouges, d’où s’écoulaient des fils d’argent comme d’une poterie fêlée.