Page:Arène - Contes de Provence, 1920.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
Contes de Provence

monde au régiment, il avait si bonne grâce, avec ses yeux bleus et ses cadenettes, à siffler des airs, en marquant le pas, devant les hallebardiers barbus, que pour le voir passer, dans les entrées de ville, les dames aux fenêtres oubliaient de regarder le tambour-major.

Presque autant qu’aux rythmes guerriers, le fifre s’entendait à la pêche aux grenouilles. Aussi quand la glace fut percée, le trou déblayé et qu’un joli rond clair apparut, le fifre eut-il bientôt fait d’improviser sa ligne avec un peu de fil qu’il avait apporté et un roseau sec qu’il coupa. L’appât seul manquait au bout du fil. D’ordinaire, notre pêcheur ne s’en inquiétait guère, se servant pour cela du premier coquelicot venu, car les grenouilles sont goulues au point que tout objet rougè les attire. Mais les coquelicots ne fleurissent pas sous la neige et vainement il en chercha quelqu’un d’attardé, le long des glacis, dans l’herbe transie.