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CONTES DE PROVENCE

sur un banc de pierre, à la porte même d’une cave creusée dans la pente du sol.

Le canard nous avait suivis.

« Il ne me quitte jamais d’un pas, racontait le vieux Mïus en lui jetant du pain ; quand je pars des Hubacs, il m’accompagne amicalement jusque là-haut à ma limite. Sans jamais s’écarter plus loin, par exemple ! car il connaît son cadastre comme un arpenteur… Et dire que j’ai voulu le vendre ! Oui, un jour, histoire de rendre service, je le cédai à l’aubergiste du Soleil-d’Or, qui en avait besoin pour un repas de noces… Savez-vous ce que fit le canard ? c’est depuis, que je l’ai surnommé Petit-Poucet ; eh bien, le canard s’échappa et revint tout seul jusqu’ici. Trois kilomètres de chemin que certainement il ne connaissait pas, puisqu’on l’avait emporté à la ville dans un panier… J’étais à l’affût ce soir-là ; je le voyais, pécaïre ! descendre le sentier, clopin