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Contes de Provence

à faire éclater sa tunique, il entra, mon ami Naz, au cabaret de la mère Nanon.

Tous les collégiens un peu avancés en âge le connaissaient, ce cabaret : une porte basse sur la rue, un petit escalier à descendre, un corridor à suivre, et l’on se trouvait dans la salle ! avec son plafond à solives, sa fenêtre qui regarde la Durance, et la bataille d’Isly accrochée au mur.

Ô joie, ô paresse !… Le collège à deux pas (parfois même nous en entendions la cloche) et du soleil plein la fenêtre, et la grande voix de la Durance qui montait.

« Une topette de sirop, mère Nanon !

— De sirop, petits ?… Est-ce de gomme ou de capillaire ?

— De capillaire, mère Nanon. »

Et la mère Nanon apportait une topette de capillaire. De la pointe d’un couteau, elle enlevait — clac ! — le petit bouchon, puis renversait sa topette, le col en bas, dans le goulot d’une ca-