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Contes de Provence

les reprises sans nombre et les maculatures ?

Mon ami Naz, ce jour-là, gagnait tout ce qu’il voulait.

Pourquoi ne s’arrêta-t-il pas à temps ? Et d’où vient cet amer plaisir que trouve l’homme à tenter la destinée ?

Naz gagnait tout : partie, revanche et belle. Il n’avait qu’à s’en aller, il resta. Il n’avait, le dernier coup fait, qu’à poser la queue glorieusement. Il préféra, le dernier coup fait et marqué, garder la queue en main pour continuer sa série.

Et il la continua, le malheureux ! Il fit un, deux, trois carambolages ; il en fit cinq, il en fit six ; il en fit huit, il en fit dix ! Et les billes allaient, venaient, s’effleuraient et tourbillonnaient, puis s’entre-choquaient doucement, comme attirées par un aimant invisible ! Et les carambolages roulaient, et les spectateurs applaudissaient, et la vieille Nanon elle-même, remuant des sous dans la