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Contes de Provence

ou mauvais homme, au contraire, seulement rien ne lui réussissait.

Sobre, actif, debout avant l’aube, on ne rencontrait que lui par les chemins et par les rues, préoccupé, flairant le vent, et cherchant, là-haut, dans les nuages, un moyen de faire fortune. Généralement, il trouvait une idée, chaque matin, — car l’esprit ne lui manquait pas, — des idées superbes. Tout, d’abord, allait à merveille. Mais au dernier moment, les dépenses faites, les choses bien en train, quand il n’y avait plus qu’à recueillir les bénéfices, crac ! une catastrophe survenait, et adieu nos projets, adieu nos espérances… Jean Bénistan avait beau se lever, de bonne heure, je ne sais quel mauvais génie se levait toujours avant lui.

Par exemple, Rénistan avait remarqué que les gens de son endroit, pour aller aux foires et marchés, faisaient un grand détour à cause de la rivière. Il imagina en conséquence de vendre une de ses