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CONTES DE PROVENCE

À cette idée de mort, j’éclatai en sanglots.

« Il faut être fou, un grand garçon, de pleurer pour une cigale ! »

Et, me soulevant dans ses mains rudes :

« Regarde bien, elle doit être là, sous le gros nœud, collée à l’écorce. »

Elle était là, en effet ; je voyais ses ailes transparentes et son corselet brun poudré d’or.

« Tu peux la prendre, elle ne bouge plus. »

Je la tenais entre mes doigts, immobile déjà et si légère ! Je pensais à Domnine. Je disais : « Voilà donc la Mort ? » Et pendant longtemps, consolé, je m’imaginai, ne trouvant plus à cela rien d’effrayant ni rien de bien triste, que l’on devait mourir ainsi, un soir de clair de lune, en chantant, — comme les cigales !