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Page:Arène - Contes de Provence, 1920.djvu/95

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Contes de Provence

illuminait les tours jumelles du fort Saint-André et les créneaux sarrasins du palais des Papes.

Enfin, lasse de tirer avec des gants gris-perle les verrous des portes de l’Orient, l’aurore, ce matin, a laissé voir ses doigts de rose. Ce matin, un coup de lumière fracasse mes vitres et envahit la chambre d’auberge où, dans mon désespoir, je m’étais réfugié à quelques kilomètres de la ville.

Plus de ces sifflets de train en marche qui m’arrivaient lointains et monotones, annonçant, sans espoir possible, la continuation du temps noir. Au contraire, dès le saut du lit, je suis accueilli par un joyeux cliquetis de bastonnade, comme si là, devant ma porte, Polichinelle rossait de sa trique formidable un guet composé d’archers en bois.

Je sors : c’est le mistral, le mange-fange qui rend les chemins plus durs que le marbre et le ciel plus clair qu’un miroir ! Pour la première fois depuis