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Contes de Provence

Et, sur la foi du Don Quichotte qui continue à s’escrimer de plus belle, tandis que le moulin à vent, piqué d’honneur, tourne plus fort, nous partons pour la ferme de Côte-d’Âne où il s’agit, par suite d’un pari gastronomique, de manger, en l’arrosant d’un introuvable vin de vignes mortes, une brochette de grassets véritables, et de bien me prouver que les oisillons à gros bec dont je me suis sottement régalé hier, dans un hôtel aux environs du Pont du Gard, étaient non des grassets, mais de vulgaires pétardiers.

Un étroit sentier, circulant, parmi des bouquets de chênes nains, sur le pan coupé de la montagne, conduit à la ferme de Côte-d’Âne. Nous entendons le mistral souffler, et nous le voyons — car on le voit réellement — nous le voyons là-bas, dans la plaine, argenter les champs d’oliviers au passage de ses rafales, et, le long de la grand’route sans poussière, tourmenter le manteau