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FRIQUETTES ET FRIQUETS

Tandis qu’on nous servait la bière, un léger bruit me fît me retourner. C’était, derrière mon dos, un des garçons d’office qui, l’écumoire au poing, manches retroussées, pêchait à même des écrevisses dans le grouillant aquarium ornement de la devanture.

Pêche miraculeuse autant qu’originale et que j’admirais, quand soudain une écrevisse s’élance hors de la culinaire épuisette, superbe, en parfaite santé, battant bravement de la queue.

Elle ne voulait pas être cuite, j’obtins sa grâce du garçon ; et, jeune espoir de mon vivier, je la roulai dans un mouchoir sur lequel Colimas, prudent, vida le contenu d’une carafe.

Il ne s’agissait plus que de la ramener vivante chez moi, sans que l’excès de chaleur métamorphosât en cinabre le bronze de sa carapace.

Entreprise ardue, avec quarante degrés au soleil !

Songer à l’omnibus, ce four ambulant, eût été folie, folie de songer au chemin de fer. Nous décidâmes donc de faire la route à pied,