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LA JACINTHE

qu’avant un mois le moment viendra de fleurir.

Un mois ! ce n’est pas le diable que d’attendre un mois. Mais, Parisiennes et Parisiens n’ont guère cette patience.

On veut le printemps tout de suite. Et tandis que chez ceux que le monde appelle les heureux, expédiée d’Antibes ou de Nice, la canestelle en roseau tressé s’ouvre ainsi qu’un écrin féerique pour laisser resplendir — incomparable joaillerie qui, à la gloire des formes et des couleurs, joint ce charme suprême d’être éphémère — les œillets et les mimosas, les anémones et les roses ; chez d’autres aussi heureux peut-être, quoique moins riches, l’industrieuse médiocrité, au coin abrité d’un balcon, sur le marbre d’une cheminée, avec des caisses, des pots minuscules, improvise sans bien grands frais un printemps modeste et artificiel.

Ce sont des crocus, des marguerites, un pied de précoces violettes ; et ce sont surtout des jacinthes si rapidement écloses dans la tiédeur du terreau, à moins que, posant votre jacinthe sur un de ces verres sveltes, au col